• 24.09.2024
  • de Roman Baur
L'accessibilité en ligne de mire : la conception de logiciels inclusifs
Ux indonesia q C2n6 RQU4 Vw unsplash
Avez-vous déjà essayé de monter une armoire avec un tournevis cassé ? La frustration vient rapidement, l’effort prend une éternité et si vous n'avez pas de chance, vous laissez une vilaine rayure sur le devant ou vous échouez complètement. Notre travail quotidien est accompagné d’une multitude d’outils numériques - outils avec lesquels nous effectuons bon nombre de nos tâches. Pour revenir à l'exemple de la construction d'armoires : tout le monde n'est pas doté d'une dextérité manuelle. Un autre défi dans le monde du travail est l'inclusion des collaborateurs en situation de handicap. L'égalité des chances est souvent et à juste titre exigée, mais le diable se cache dans les détails, car l'accessibilité a une influence majeure sur la conception, la fonction et la construction de nos outils. Une bonne accessibilité crée des outils qui permettent à tous de bien travailler.

Pourquoi : Accessibilité ?

Des employés motivés

De nos jours, le monde du travail accorde une grande importance à des collaborateurs motivés et performants. Cependant, malgré les progrès techniques constants, la complexité ne semble pas diminuer. Il se peut que nous n'accordions pas assez d'attention à nos outils. Nous gaspillons ainsi les capacités des utilisateurs et provoquons un stress inutile (Cognitive Load). Le thème de l'utilisabilité fait rapidement l'unanimité, mais sa mise en œuvre dans les moindres détails est un défi, car elle nécessite une priorisation. Les directives mesurables de l'accessibilité peuvent nous y aider. 

Un outil numérique conçu dès le départ dans l'esprit de l'accessibilité permet également d'améliorer l'expérience utilisateur pour tous les usagers. 

Grafik-Accessibility_FR
Graphique : représentation propre

Droits et réglementation

En Suisse, la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées est en vigueur depuis 2014. Elle stipule que l'accès sans entrave à l'information et à la communication pour les personnes aux capacités les plus diverses est un droit humain fondamental.

En 2025, une législation plus stricte en matière d'accessibilité entrera en vigueur dans l'UE avec le European Accessibility Act (EAA). De nombreuses entreprises devront alors proposer leurs produits et services sans barrières. L'EAA s'applique également aux entreprises suisses actives dans l'UE. Le changement concerne les systèmes d'exploitation et les logiciels pour la téléphonie, la banque en ligne, le commerce électronique, la billetterie, les transports publics, l'e-média. Si l'ordonnance exclut actuellement de nombreuses applications, elle montre néanmoins la direction à prendre à l'avenir. Lors de la refonte ou du développement de nouveaux produits, il est recommandé de tenir compte de l'accessibilité dès le début.

Meilleure cote SEO 

Les directives d'accessibilité mesurables conduisent presque automatiquement à un meilleur classement SEO. De nombreuses mesures d'accessibilité, comme des descriptions alternatives des images, une présentation contrastée des textes ou l'optimisation du code source en font partie.

Inclusion

Selon l'EAA, près d'une personne sur cinq en Europe vit avec un handicap. Cela représente au moins 87 millions de personnes, dont beaucoup de personnes âgées. Enfin, il vaut la peine de défendre les valeurs de diversité et d'inclusion afin d'inclure des personnes d'origines différentes dans notre société. Le thème de l'accessibilité, dont font bien entendu partie les outils numériques, constitue une base importante pour cela.

 

Avec tous les sens 

Les limitations peuvent être de courte durée (lunettes égarées), de moyenne durée (main cassée) ou de longue durée (daltonisme). La plupart des limitations ne se manifestent chez les personnes concernées qu'au cours de leur vie.

Elles rencontrent des obstacles dans les applications qui rendent difficile, voire impossible, la perception ou la saisie de l'information. 

Erdbeeren-Gruenblind
Simulation de fraises du point de vue d'une personne atteinte de cécité verte, Photo de Mark Stebnicki : ©  Pexels

Déficience visuelle

En Suisse, environ un tiers de la population souffre d'une amétropie. Parmi eux, la majorité est due à une myopie ou une hypermétropie corrigible. Outre ces dernières, le trouble visuel le plus répandu est une déficience de la vision des couleurs ou daltonisme, qui modifie la perception de certaines couleurs. En Suisse, selon Visilab, entre 8% et 10% de la population masculine est concernée, principalement par la déficience visuelle dite rouge-vert, dans laquelle la personne affectée a du mal à distinguer les couleurs rouge et verte.

Lisez également le blog d'Helsana sur ce sujet.

Déficience motrice et saisie vocale

Les limitations motrices affectent la motricité fine et la motricité globale. Un manque de motricité fine peut rendre difficile, voire impossible, l'utilisation de l'ordinateur avec une souris. Une surface de commande suffisamment grande est une première mesure à bas seuil. En cas de handicap plus important, la navigation peut se faire à l'aide du clavier. Toutefois, l'application doit prendre en charge cette forme d’utilisation. Les personnes non-voyantes utilisent souvent cette forme de navigation.

Une limitation de la motricité globale, même temporaire, comme une main cassée, peut nécessiter une commande vocale. Elle peut également prévenir les charges unilatérales, qu’entraîne par exemple, une tendinite.

Déficience auditive 

Selon l'association Sonos pour les malentendants, jusqu'à 600 000 personnes vivent avec une déficience auditive en Suisse. On distingue quatre groupes : la perte auditive, les acouphènes, la surdité et la surdicécité. Plus de 10 000 personnes sont sourdes en Suisse.

Les déficiences auditives ne jouent heureusement qu’un rôle secondaire pour la plupart des applications.

Déficiences cognitives

Le traitement de l'information dans notre cerveau est central ; tous les sens y convergent. Les formes d'atteintes sont très diverses. Les déficiences cognitives les plus fréquentes sont les suivantes :

  • Dyslexie : Difficulté à orthographier, à lire ou à écrire couramment.
  • Dysgraphie : Difficultés d'écriture, souvent liées à la motricité fine.
  • Dyscalculie : Difficulté à comprendre les concepts mathématiques ou la reconnaissance des nombres.
  • Troubles du spectre autistique : Affectent la communication sociale et le comportement.
  • Trouble déficitaire de l'attention/(hyperactivité) (TDAH) : Affecte le maintien de l'attention, la concentration, l'organisation et le contrôle des impulsions.

Une application bien conçue permet à ces personnes de surmonter leurs difficultés et d’exploiter de leurs forces et de leurs possibilités.

Comment parvenons-nous à rendre les logiciels accessibles ?

Pour créer une application aussi accessible que possible, il est important d'adopter une approche globale. Il est important de penser l'accessibilité à travers toutes les phases d'un projet logiciel, par exemple au niveau conceptuel avec :

  • Une architecture de l'information claire et cohérente. 
  • La subdivision des processus en unités claires et compréhensibles. 

     

Contenu 

Nous répondons aux exigences, par exemple, en :

  • Une rédaction cohérente dans un langage simple. Des inscriptions claires des éléments d'interaction réduisent les erreurs. Si nécessaire, des instructions compréhensibles sont utiles. 
  • Informer en cas d’erreur de saisie. Une suggestion d'amélioration permet de répondre aux exigences. 
  • Des textes alternatifs descriptifs pour les images.

 

Concevoir

La célèbre devise « Form follows Function » de l'architecte Louise Sullivan résume bien la situation.  Le design de l'expérience utilisateur consiste à concevoir des outils pour qu'ils tiennent bien dans la main. Malheureusement, le terme « design » est souvent mal compris. 

Les applications Web avec des couleurs discrètes, une police fine et beaucoup d'espace sont agréables à l'œil, mais font souvent des concessions en termes de convivialité. L'esthétique de l'application est placée au-dessus des besoins des utilisateurs et de leurs tâches.

Ce qui n'a pratiquement pas de conséquences pour les personnes sans handicap peut être difficile à utiliser pour les personnes malvoyantes ou daltoniennes. Voyez vous-même comment une personne daltonienne perçoit le choix des couleurs. Lors de la conception, nous prêtons attention, par exemple, à :

  • Une police suffisamment grande et facilement lisible ainsi qu'une taille de police réglable.
  • Un contraste élevé entre la couleur de premier plan et la couleur d'arrière-plan (au moins niveau AA). 
  • L’évitement de la couleur comme seul élément distinctif.
  • Une zone suffisamment grande des éléments d'interaction (par exemple, bouton).

 

Code 

Au final, les efforts de conception, de contenu et de design doivent également se refléter dans le code. Pour cela, nous nous basons sur les directives d'accessibilité des contenus Web (WCAG). Pour vérifier le code, nous utilisons des tests d'accessibilité automatisés tels que Google Lighthouse, qui montrent rapidement les problèmes que les personnes handicapées peuvent rencontrer sur une application. Cependant, étant donné que seul un tiers environ des critères de réussite des WCAG 2.1 peuvent être testés automatiquement, il est recommandé de procéder à des tests fonctionnels manuels complémentaires. En principe, nous veillons entre autres à :

  • un HTML sémantique dans le bon ordre,
  • l'utilisation de balises uniques (landmark),
  • ou l'étiquetage de tous les éléments d'interaction (labels)

 

Expérience pratique

Récemment, nous avons repensé notre produit médical stayok, qui permet, au moyen d'un questionnaire en ligne, d'évaluer globalement tous les domaines de la vie ainsi que la santé psychique.

Les questions de santé physique et mentale sont parfois formulées dans des textes volumineux. Cette abondance de texte, les exigences en matière de responsive design (les questionnaires peuvent également être remplis sur un smartphone) et d'accessibilité (grande taille de police) ne laissent qu'une faible marge de manœuvre en matière de conception.

Au cours du processus de conception, le thème émotionnel de la couleur a donné lieu à des discussion. Concilier les exigences créatives d'une présentation légère et fraîche et les exigences de contraste élevé d'au moins 4,5:1 (WCAG Contrast Ratio Level AA) a été un exercice d'équilibriste.  Un rapport de contraste de 4,5:1 signifie que la couleur du texte doit être au moins 4,5 fois plus claire ou plus foncée que la couleur de l'arrière-plan. Cette exigence de contraste permet de s'assurer que le texte est plus facile à lire pour les personnes souffrant de déficiences visuelles, telles que les troubles de la vision des couleurs. En outre, il fallait s'assurer que les couleurs contextuelles, qui représentent les résultats du questionnaire dans le rapport, et les couleurs de marque puissent être clairement distinguées.

Vous voulez en savoir plus sur le développement de logiciels ?

Visitez notre site Web pour plus d'informations.

Résumé

L'accessibilité est cruciale pour certains et utile pour nous tous. Les efforts en ce sens optimisent également l'utilisabilité, augmentent le classement SEO et satisfont aux bases légales. Pour y parvenir, il est essentiel d'intégrer le sujet dans toutes les phases d'un projet de logiciel.

Pour HMS, en tant que développeur de logiciels spécialisé dans les solutions logicielles pour le secteur de la santé et la santé des collaborateurs, l'accessibilité prend de plus en plus d'importance. Une bonne accessibilité garantit que les outils numériques sont accessibles et utilisables par tous.

Roman Baur Foto

Roman Baur, concepteur de l'expérience utilisateur

Roman Baur est responsable de l'expérience utilisateur des solutions logicielles chez HMS. Cela comprend le développement de logiciels individuels et le développement ultérieur des applications Web HMS. Il attache une importance particulière à un design attrayant de l'interface utilisateur et à un flux de travail intuitif pour les utilisateurs.