• 10.07.2025
  • de Curdin Seeli
Rester cool : comment bien gérer la chaleur au travail
Titelbild Arbeiten bei Hitze
L’été – un phénomène attendu avec impatience, mais qui peut aussi nous dépasser : la chaleur, avec son soleil, ses températures élevées et son atmosphère étouffante. Dans le monde du travail, les mois les plus chauds de l’année peuvent représenter un véritable défi. Des températures élevées peuvent déjà être très éprouvantes pour le corps lors d’un effort modéré. Même le fait de travailler au bureau devient une activité qui fait transpirer. Quelles sont les mesures à mettre en œuvre pour préserver le bien-être physique et à prévenir les problèmes de santé pendant la période chaude ? Que faut-il savoir sur la « gestion de la chaleur au travail » ?

Défis climatiques

L’Office fédéral de l’environnement a récemment recalculé le développement des risques climatiques dans notre pays jusqu’en 2060. Il souligne que l’augmentation des températures constitue le plus grand danger : des épisodes de chaleur affectent aujourd’hui déjà le bien-être, la santé et la performance des personnes. Le changement climatique entraîne une hausse globale des températures, des vagues de chaleur plus fréquentes et une augmentation du nombre de jours de forte chaleur, c’est-à-dire des journées où la température dépasse 30 °C. Selon une étude de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich), le climat de Zurich ressemblera à celui de Milan d’ici 2050. Les chercheurs prévoient une augmentation d’environ 5,6 °C des températures maximales en période de chaleur, entraînant ainsi une hausse moyenne annuelle de 2,2 °C. Ces changements ont un impact direct sur notre confort. Les symptômes liés à la chaleur se manifestent par de la fatigue, des vertiges, des maux de tête, des problèmes de concentration et de circulation. Ignorer ces signaux d’alerte peut, dans les cas extrêmes, conduire à des dangers graves pour la santé, comme un coup de chaleur ou une déshydratation.

Facteurs de risque et groupes vulnérables

Les personnes effectuant des tâches très exigeantes physiquement sont bien entendu les plus touchées par la chaleur. Cependant, les entreprises de ces secteurs sont généralement plus conscientes des circonstances et des dangers auxquels leurs employés sont exposés, ce qui est moins souvent le cas pour les activités moins intensives. Travailler en extérieur – quelles que soient les conditions météorologiques – représente manifestement un grand défi. L'exposition aux rayons UV du soleil atteint ses valeurs maximales entre 11 h et 15 h, tandis que le niveau d'ozone est le plus élevé entre 16 h et 18 h. Il est donc recommandé de se protéger du soleil autant que possible. Mais l’environnement de travail dans des locaux mal ventilés augmente aussi le risque pour la santé en cas de fortes chaleurs. Si des vêtements de protection sont nécessaires, la chaleur s’accumule davantage, car la circulation de l’air est très limitée. Le poids des vêtements augmente également la charge physique. Les appareils techniques utilisés pour effectuer certaines tâches dégagent souvent plus de chaleur et peuvent être lourds.

Outre l'examen attentif des conditions de travail, il est essentiel d'identifier les personnes particulièrement vulnérables : les employés âgés, les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que les personnes souffrant de maladies préexistantes sont les plus affectés par la chaleur. La condition physique d’une personne influence également sa capacité à gérer le stress physique lié au changement climatique.

Protection de la santé en été : mesures préventives

Il faut d’abord faire la distinction entre les activités principalement réalisées en extérieur ou en intérieur. En extérieur, il est particulièrement important de porter des vêtements appropriés, légers si possible, mais protecteurs, ainsi qu’un couvre-chef, et d’utiliser une crème solaire. L’application de celle-ci doit être renouvelée toutes les deux heures et présenter un facteur de protection d’au moins 30. Pour le travail en intérieur, il faut veiller à une bonne ventilation, à la mise en place d'un système de climatisation ou à la mise à disposition de protections contre la chaleur dans le bâtiment. De nombreuses mesures destinées au travail en extérieur peuvent aussi être adaptées pour l’intérieur :

  • L’organisation du temps de travail peut être adaptée pour soulager les employés en déplaçant les horaires vers des moments plus frais dans la journée.
  • Il est essentiel de prévoir des zones ombragées pour permettre aux travailleurs de faire des pauses courtes et régulières.
  • La mise à disposition d’eau est primordiale. En Suisse, l’eau du robinet est généralement parfaitement potable. Si nécessaire, on peut y ajouter une pincée de sel ou un peu de jus de fruit pour enrichir la boisson en minéraux, surtout après une forte transpiration.
  • Lorsqu’il fait chaud, il faut aussi faire particulièrement attention à l’alimentation et à l’hydratation : plus la température augmente, plus il faut boire abondamment. Les aliments doivent être légers et rafraîchissants, et privilégier les fruits et légumes, qui apportent de l’eau, des vitamines et des minéraux. Les repas légers doivent contenir peu de matières grasses mais être riches en protéines.

Ressources officielles et recommandations

Pour sensibiliser davantage les employés, des brochures d’information disponibles dans les pharmacies ou les communes sont très utiles. La Santé publique Suisse propose une fiche d’informations (factsheet) regroupant les principales données et consignes à suivre.

L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) met à disposition des PDF pour flyers et affiches, téléchargeables gratuitement. Le SECO (Secrétariat d’État à l’économie) fournit également des informations complètes sur le travail par temps chaud sur son site internet. Vous pouvez y télécharger des fiches pratiques, des plans d’action modifiables, et consulter des aspects juridiques. Le SECO adopte une approche pragmatique et réaliste, par exemple en précisant que le seuil de température à partir duquel certaines mesures doivent être prises pour le travail de bureau peut être fixé par chaque entreprise en fonction de ses conditions spécifiques, en s’appuyant sur l’outil d’évaluation « travail de bureau en cas de fortes chaleur ». Il précise également que « les températures seuils mentionnées dans le plan d’action ne sont pas contraignantes pour le SECO et n’exonèrent pas les entreprises de leur responsabilité générale en matière de protection de la santé et de prévention des maladies professionnelles. »

De plus, le SECO propose une section FAQ qui répond notamment à la question que se posent souvent les employés lors des journées chaudes : « Les employeurs en Suisse sont-ils obligés d’installer une climatisation ? » En résumé : non.

Il est également important de rappeler aux responsables qu’ils doivent encourager leur équipe à reconnaître et signaler de manière responsable les symptômes liés à la chaleur. Toutefois, les employeurs doivent respecter leur devoir légal de vigilance (art. 328 CO) et assurer la protection de la santé (art. 6 LTr), en suivant les recommandations des autorités et des organisations de santé. Cela inclut aussi la protection des groupes particulièrement vulnérables et la prévention des accidents. La Suva met à disposition sur son site une liste de contrôle complète destinée à soutenir les responsables dans cette démarche.

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Source: Seco

Travail à la chaleur ? Protégez vos employés de manière ciblée !

Vos employés travaillent-ils régulièrement dans des conditions de forte charge thermique – par exemple, dans le bâtiment ou l'industrie ? Nos examens médicaux de prévention pour le travail à la chaleur aident à détecter les risques pour la santé à un stade précoce et à garantir la capacité de travail à long terme (Prévention médicale au travail selon les directives EKAS 6508).

En Conclusion : La protection contre la chaleur est une question de santé

L'été n'apporte pas seulement des journées propices à la baignade pendant les loisirs, mais aussi des charges physiques au travail. Il est nécessaire d'adopter une approche attentive envers soi-même lorsque nous sommes confrontés à une journée de chaleur. Cela implique d'avoir une connaissance suffisante du sujet et de prendre les mesures utiles pour pouvoir effectuer des ajustements sensés et opportuns sur le lieu de travail. Chacun a sa part de responsabilité. Sur le plan institutionnel, les employeurs et les employés ont largement accès à des informations et à des outils : l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), la Suva et le SECO transmettent des connaissances solides pour permettre une réflexion approfondie sur le sujet au sein de chaque entreprise. La prudence est payante, car adopter un comportement responsable permet de protéger la santé, le bien-être, la performance et la productivité sur le lieu de travail.

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Dr méd. Daniel Schröpfer, Médecin spécialiste en Médecine Interne Générale

Daniel Schröpfer est directeur médical chez HMS et médecin spécialiste en médecine interne générale avec une spécialisation interdisciplinaire en médecine psychosomatique et psychosociale (SAPPM).